Création de la notice : René Bianco

Bi 0865

L’Émancipateur

organe communiste-anarchiste révolutionnaire


Parution : 1914-1914



Annonce en « une » du nº 1 (4e année) pour la reparution du titre :

Résurrection

 
Après une assez brusque disparition, L’Émancipateur vient à nouveau tenter quelques coups de pioche dans « l’ordre » bourgeois et capitaliste.
 
Il serait fastidieux d’envisager ici les raisons pour lesquelles le journal avait cesser de paraître.
 
Les camarades qui ne concevraient pas combien est précaire la vie d’une œuvre anarchiste, doivent réfléchir profondément à toutes les difficultés que rencontre un aussi petit nombre de camarades que celui qui assurait la parution du journal.
 
Surtout en notre pays où tant de concours nous sont refusés de la part de ceux qui possèdent l’érudition intellectuelle nécessaire et où l’on ne compte pour ainsi dire que des travailleurs manuels, ne possédant d’instruction que celle qu’ils s’imposent après leur labeur journalier, à la rédaction et à l’administration de L’Émancipateur.
 
Nous ne faisons ressortir ceci, qu’à seule fin de faire comprendre aux camarades non prévenus, la dureté de notre tâche, combien notre travail est rude et ainsi les avertir qu’ils ne doivent nous incriminer d’aucune faute si parfois nous manquons de suite dans le travail de pionnier et d’éducateur que nous nous assignons par l’édition de notre journal.
 
Enfin nous revoyons le jour ! Pour les sincères et les audacieux c’est là l’essentiel.
 
Il est bien entendu que nous comptons poursuivre énergiquement la ligne de conduite que s’est efforcé de suivre notre prédécesseur L’Émancipateur.
 
Étant, catégoriquement ennemi des partis politiques comme des organisations ouvrières se basant sur le principe d’autorité, c’est-à-dire concevant une société où une minorité commande à une grande masse, nous déclarons être résolus à combattre sincèrement, sans haine mesquine et sans basse envie, mais implacablement quand même, ces différentes écoles autoritaires, y compris le parti social-démocrate, surtout dans ses chefs, parce que prônant la nécessité de l’autorité dans les relations sociales.
 
Nous nous promettons de poursuivre la défense et la vulgarisation de la philosophie anarchiste au point de vue communiste-révolutionnaire. Nous nous occuperons des organisations ouvrières comme fait économique, découlant fatalement de l’antagonisme des classes, de la lutte entre exploiteurs et exploités, sans exagération, ni pour ajouter ni retrancher à leur importance et leur influence dans la vie sociale.
 
Avec plaisir nous enregistrerons leurs progrès, mais nous nous réservons de critiquer leur étroitesse de vue, si nous les voyons s’enliser dans le corporatisme, en y apposant notre manière de voir.
 
Persuadés que la philosophie anarchiste-communiste-révolutionnaire contemporaine est assez soucieuse de la liberté individuelle de l’être au sein de la société, nous jugeons devoir éviter de tomber dans l’outrance de l’individualisme, de la religion, de « l’homme fort » et du paradoxal « individu » avant tout.
 
Nous pensons que l’homme, être sociable par excellence, a besoin du concours de ses semblables pour vivre en liberté et en progrès, c’est pourquoi nous nous proposons de préconiser la solidarité pour l’entente entre les êtres humains et de leur bien persuader que la conception de leurs droits de bien-être et de liberté doit se limiter à la satisfaction des mêmes besoins chez leurs voisins.
 
Dans notre action générale nous comptons tenir compte de tout ce qui est humain concernant l’évolution de l’humanité entière, sans scinder la question sociale, comme ont trop de tendance à le faire les partis politiques et les groupements ouvriers.
 
Ainsi par exemple, nous pensons que l’éducation de l’enfance comme celles des masses adultes, la propagande nettement antimilitariste, même contre les armées nouvelles, chères aux socialistes et démocrates ; les luttes revendicatrices du prolétariat manuel et intellectuel ; les assauts à livrer aux gouvernants et dirigeants de toute école, la suppression des frontières ; la fraternité des nations et des races de toute couleur et enfin à côté des améliorations immédiates à conquérir de haute lutte la poursuite sans défaillance ni écart de la réalisation de notre idéal de Justice, de Bien-Être et de Liberté, nous pensons que tout cela se tient, s’enchaîne, forme les différents an beaux d’une même chaîne que l’on ne peut scinder sans erreur grave.
 
Nous comptons, enfin, sur les forces vitales du peuple pour nous aider à détruire, par la voie révolutionnaire, l’état de choses désordonné actuel et la reconstitution des rouages sociaux sur des bases communistes, mais sans tomber dans l’excès d’un ouvriérisme mesquin en flattant tous les préjugés qui pourrissent la simplicité de la mentalité ouvrière.
 
Voilà la tâche que nous nous sommes imposée. Il est inutile d’insister auprès des camarades sur la nécessité et l’urgence de leur appui matériel et moral pour nous seconder dans notre travail. Nous avons fait revivre l’œuvre, à eux de nous aider à l’alimenter.
 
L’Émancipateur.


Parutions (= 4e année) :

  • nº 1 (1914, 1er mars)
  • nº 2 (1914, 15 mars)
  • nº 3 (1914, 1er avr.)
  • nº 4 (1914, 12 avr.)
  • nº 5
  • nº 6 (1914, 10 mai)
  • nº 7 (1914, 24 mai)
  • nº 8
  • nº 9
  • nº 10
  • nº 11
  • nº 12 (1914, 2 aout) [placard en page 1 : « Guerre à la guerre »]