Création de la notice : René Bianco

Bi 1500

Ni Dieu ni Maître

organe communiste-anarchiste


Parution : 1885-1886



Signatures repérées sur une dizaine de numéros :
Le Groupe des Affamés, les « anarchistes d’Houplines, d’Armentières et de Ploegstert », les Anarchistes dijonnais, le groupe Les Justiciers, le groupe La Révolution sociale, les Anarchistes de Roubaix, le Groupe anarchiste-communiste d’Armentières, H. Ferré (Paris), le groupe Les Terribles (La Ciotat), le Groupe anarchiste de Marseille, Proudhon, Union anarchiste bruxelloise, le groupe parisien de propagande anarchiste, un sous-officier sans punitions, …

Et les deux citations en slogan de Michel Bakounine (« Si Dieu existait, il faudrait l’abolir ») et de Jean De La Fontaine (« Notre ennemi, c’est notre maître », souvent repris à l’époque)

Annonce sur la « une » du nº 1 (1885, 23 mai-6 juin) de la 1re année :

NOTRE TITRE
 
Il résume trop bien nos aspirations pour qu’il soit nécessaire de nous étendre beaucoup. NI Dieu ni Maître, cette devise, popularisée par Blanqui, est réprobatrice de toute superstition et de toute autorité, une déclaration anarchiste.
Elle, est l’idéal de tous ceux qui travaillent à l’émancipation complète de l’individu, à son entière indépendance d’autrui.
Nous nions Dieu, parce que l’affranchissement intellectuel que nous a apporté la science nous le montre sous son vrai jour : un moyen de terreur pour maintenir les ignorants dans l’obéissance, un fétiche destiné à assurer la domination des maîtres, le corollaire indispensable de l’autorité ; nous le. nions, parce qu’il est le produit de cerveaux non parvenus plein développement et à la pleine possession de leurs facultés intellectuelles.
Nous nions aussi bien le Dieu de la théologie que celui de la métaphysique, parce que, étant tout, son idée implique forcément l’abdication de la raison et de la justice humaines et aboutit nécessairement à la, négation de la liberté, c’est-à-dire à l’esclavage.
Enfin, nous le nions, parce que le science nous démontre sa non-existence.
Nous ne voulons plus de maîtres, parce que nous avons compris qu’ils sont l’unique entrave au développement moral et intellectuel de l’humanité ; qu’ils ne sont que la, conséquence de longs siècles d’insolidarité sociale, d’ignorance des lois de la nature ; qu’ils sont les causes de l’antagonisme, des haines et des guerres fratricides des peuples et de toutes les institutions sociales reposant sur l’injustice, la violence et l’imposture.

Une brève, parue en page 3 du même numéro indique : « Nous prévenons les abonnés et les dépositaires de L’Insurgé que le service leur sera continué par l’administration de Ni Dieu ni Maître, et d’avoir à envoyer le plus tôt possible le règlement de leur compte. »


Annonce de la disparition du journal dans son dernier numéro (2e année, nº 11, 22 mai 1886) :

Par suite des récentes perquisitions et de la saisie du précédent nº nous n’avons pu trouver à Bruxelles d’imprimeur qui ai voulu se charger de faire paraître le journal, nous nous sommes vu dans la nécessité de nous adresser à nos amis de Genève, et c’est ce qui explique notre retard.
 

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Messieurs de la Magistrature et de la Police
 
Humblement, dans l’attitude qu’il convient de prendre devant des hommes qui se dévouent au bien de l’humanité, nous vous prions d’accepter nos excuses, pour le chagrin et le tort que nous allons vous causer .
« NI DIEU NI MAITRE » disparaît. Quoi que vous puissiez dire, cette nouvelle vous fera de la peine.
Quand vous aurez lu notre dernier numéro,— tous, vous nous lisez, c’est certain, — vous songerez immédiatement à ces bonnes petites perquisitions qui vont vous échapper.
Ces perquisitions inoffensives qui vous étaient si chères,où vous pouviez vous donner tout votre saoûl d’airs terribles, où vous pouviez, tout à votre aise, faire de l’esprit, car vous avez de l’esprit. Vous ne vous en étiez peut être jamais douté ? Nous non plus. Mais… les bons journaux le prétendent.
Vous songerez donc à celà ; vous songerez peut-être aussi à votre bibliothèque, au bouquiniste, au brocanteur, et à l’appoint que leur fournissaient vos recherches, car à défaut de pièces compromettantes,vous trouviez toujours quelque chose à porter au… parquet.
Et vous n’aurez aucun espoir, car vous saurez que votre tristesse ne pourra pas nous émouvoir. Vous l’avez dit bien souvent : nous ne sommes accessibles à aucun sentiment de pitié, notre cœur est blindé. C’est votre faute, du reste : vous l’avez, pour cela, assez souvent couvert de plomb !
Donc, pour quelque temps, nous vous donnons congé. Mais nos relations ne seront qu’interrompues : le jour viendra, bientôt, nous l’espérons, où nous pourrons les reprendre. Peut-être les rôles seront-ils tant soit peu changés, niais cela n’ôtera rien à l’estime que nous vous portons.
Au revoir, messieurs !
 

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MERCI !!
 
À ceux qui nous ont soutenu par leur collaboration littéraire ou pécuniaire, à vous, travailleurs, qui en nous donnant votre obole, nous avez encouragé dans la lutte que nous avions entreprise ; à vous tous nous disons :
merci et au revoir
Notre disparition n’est pas une victoire pour la bourgeoisie ; elle s’en apercevra au progrès que font tous les jours nos idées.
NOUS DISPARAISSONS
volontairement
parce que nous changeons de tactique.
Grâce à votre soutien, nous étions arrivés à tirer dix mille exemplaires. Rien ne nous empêchait donc de continuer notre publication.
Mais nous voulons donner tout notre travail, toute notre force, toute notre énergie, à une propagande plus ardue, peut-être, mais plus efficace pour le moment, la propagande par la parole.
À nos amis qui voudraient continuer la propagation des écrits anarchistes, nous recommandons spécialement « LE RÉVOLTÉ » qu’ils pourront se procurer dans toutes les aubettes et à l’administration, 14o rue Mouffetard, à Paris.
 

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À l’instar de la Russie
 
Nous assistons depuis quelques temps à un réjouissant spectacle. La magistrature belge, à l’instar de celle de Russie, se livre contre nous à une persécution en règle, non seulement en perquisitionnant
chez tous nos amis, mais en enlevant tous les écrits qui ne sont pas faits pour flatter nos maîtres. C’est ainsi que toute l’édition de notre dernier numéro a été saisie chez les dépositaires. Nous ne protestons pas contre cette illégalité, sachant trop bien que le pouvoir a pour devise : La force prime le droit et que, lorsqu’il agit ainsi, il est dans son rôle.
Cette manière d’agir nous confirme, au contraire, dans nos notre manière de voir : La bourgeoisie se sert de la force, pour conserver ses privilèges illégitimement acquis ; le peuple devra employer la force pour les lui enlever et pour établir la vraie justice, qu’il fera imposer par la simple logique, et non par les gendarmes.

Placard paru en page centrale du nº 7 de la 2e année de Ni Dieu ni Maître (18 mars 1886)
Notre gravure
Notre dessin montre la différence qui existe entre les anarchistes, ces hommes qui prêchent la propagande révolutionnaire par le fait, et les révolutionnaires-parlementaires qui préfèrent le suffrage universel comme unique remède aux mots dont souffre le prolétariat.
Basly, touchant son indemnité parlementaire, 25 francs par joiur ; Reindorf, l’anarchiste, marchant au supplice.
Au milieu se trouvent les portraits de Sophie Pérowska, Stellmacher et Lieske, morts pour la cause du peuple. Cyvoct, condamné à mort, peine commuée en travaux forcés à perpétuité, et Kropotkine, le grâcié d’hier.
Nous publierons la biographie de chacune de ces victimes de la bourgeoisie.
[le numéro présente ensuite le début de la biographie d’August Reindsdorf]
Voir aussi : https://placard.ficedl.info/article10419.html


La notice Maitron sur Monier indique : « Ferdinand Monier (ou Monnier), qui s’était engagé dans le mouvement révolutionnaire dès la fin des années 1870, fut avec Egide Govaerts, Wysmans, Pintelon, Stuyck et Alexandre Colignon, à l’initiative de la publication du journal Ni Dieu ni maître (Bruxelles, 23 numéros, 23 mai 1885 au 22 mai 1886). »

Au moins 1 affiche anarchiste parue sous ce nom (voir sur le site Placard).

Parutions :

  • a1 nº 1 (1885, 23 mai-6 juin) — « La semaine sanglante », papier rouge-violet
  • a1 nº 2 (1885, 6-20 juin)
  • a1 nº 3 (1885, 20 juin-4 juil.) — « Les massacres de juin 1848 », papier violet
  • a1 nº 4
  • a1 nº 5 (1885, 18 juil.-1er aout)
  • a1 nº 6 (1885, 1er-15-aout)
  • a1 nº 7
  • a1 nº 8
  • a1 nº 9
  • a1 nº 10
  • a1 nº 11 (1885, 12-25 oct.)
  • a1 nº 12 (1885, 26 oct.)
  • a1 nº 13 (1885, 8-23 nov.)
  • a2 nº 1 (1886, 1er-14 janv.)
  • a2 nº 2
  • a2 nº 3
  • a2 nº 4
  • a2 nº 5
  • a2 nº 6 (1886, 8-15 mars)
  • a2 nº 7 (1886, 18 mars)
    • grande gravure en pages centrales : « Nos propagandistes »
    • annonce de l’interdiction de La Guerre sociale à l’exportation en France. L’Interdit le remplacera dans ce rôle pour la France.
    • Ni dieu ni maître joue ce rôle pour la Belgique à partir de ce numéro
  • a2 nº 8
  • a2 nº 9
  • a2 nº 10 [numéro saisi chez les dépositaires]
  • a2 nº 11 (1886, 22 mai) - numéro imprimé à Genève (Impr. jurassienne) et expliquant la disparition du journal

Une annonce parue en « une » du nº 7 de la 2e année (18 mars 1886), s’étend sur la disparition de La Guerre sociale :

Interdit !
Les complices de Léon Say, l’affameur de Decazeville, les ministres intègres qui président par complaisance pour le futur candidat à la Présidence, d’interdire le journal La Guerre social.
Nous relevons le défi lancé à ce vaillant organe, et à notre tour nous tiendrons haut et ferme le drapeau des revendications sociales.
L’Interdit continuera pour la France le service des abonnements et des dépositaires que La Guerre sociale se voit obligée d’abandonner.
Nous espérons que la confiance et les sympathies qui ont accompagnés la Guerre sociale pendant toute sa campagne, se reporteront sur l’Interdit.