Création de la notice : René Bianco

Bi 0683-0684

La Débâcle

organe révolutionnaire


Parution : 1893-1893



Présentation — non exempt d’anti-sémitisme — du premier numéro (7-22 janvier 1893) :

La Débâcle

 
Après les titres révolutionnaires que nous avions cru devoir prendre pour éveiller l’attention de nos frères les exploités, nous nous contentons pour notre nouvel organe du titre : LA DÉBACLE !
 
Il est fini le temps d’épreuve et d’initiation, le temps où le peuple, ignorant, aveugle et soumis, avait besoin d’être remué violemment par des titres sonores, bouillants, emportés. Aujourd’hui, ils ne sont plus nécessaires La bourgeoisie proclame à haute voix sa propre pourriture, elle-même nous crie : LA DÉBACLE !
 
En Allemagne, les fusils juifs ; en Espagne, les lignes de chemin de fer véreuses et les municipalités vendues, le tout soutenu par les gouvernements, redoutant des révélations plus graves encore. En Portugal, en Italie, partout enfin, s’étale au grand jour la vénalité, l’escroquerie, la vente au plus offrant des parlementaires de tout acabit. c’est-à-dire : LA DÉBACLE !
 
Mais c’est à la France républicaine, à la France de Rousseau et de Voltaire, à la France de Marat, d’Hébert, de Danton, de Robespierre que revient le panache !
 
Les opportuno-radico-possibilistes, d’accord en ceci avec les droitiers de toute nuance, ont FAIT GRAND.
 
Les vols du Panama se chiffrent par millions... Il est vrai que PRESQUE TOUS ces millions n’ont servi qu’à soudoyer les parlementaires.
 
Si nous, les BRIGANDS ANARCHISTES, nous eussions osé, il y a trois mois, accuser de vénalité, de concussion l’HONNÊTE X, le PUR Y ou l’AUSTÈRE Z, quel « tollé » d’indignation se serait élevé contre nous dans les colonnes des « honnêtes » journaux, aujourd’hui convaincus d’avoir trempé plus ou moins profondément dans la bouteille à encre (bourrée de chèques bien clairs) de l’affaire du Panama.
 
Lequel d’entre nous eût pu se per-ettre, sans se voir octroyer un nombre incalculable d’années de prison, de dire ce que. l’HONORABLE ex-ministre et député Rouvier a déclaré, avec une parfaite désinvolture d’ailleurs, que ces marchandages, ces escroqueries, ces vols sont choses toutes naturelles et coutumières à tous les gouverne-ents passés et présents, défiant aucun parti de gouverner sans se servir de ces honnêtes moyens. Naïveté ou effronterie, la bourgeoisie, par la bouche de Rouvier, a crié au monde entier, stupéfait de tant de cynisme : Voilà LA DÉBACLE !
 
Martyrs de 48 et de 71, affamés et « évictés » d’Irlande, révoltés de Russie, grévistes et miséreux d’Angleterre et des États-Unis, sans-travail d’Autriche, de Belgique, de Hollande, d’Allemagne, etc., courage et espoir, voilà LA DÉBACLE !
 
Assassinés d’Aubin, de la Ricamarie, de l’Épine, de Fourmies, de Tilleur, tressaillez dans vos tombes non encore vengées, voilà LA DÉBACLE !
 
Et nous, compagnons, serrons nos rangs ; la lutte devient facile. Encore un effort, et rendons à l’égout, qui les réclame, les restes décomposés de la société bourgeoise.
 
VIVE LA DÉBACLE !
Une de La Débâcle, première année, numéro 1 (7 au 22 janvier 1893)


Parutions :

  • nº 1 (1893, 7-22 janv.)
  • nº 2
  • nº 3
  • nº 4 (1893, 26 févr.-10 mars)
  • nº 5
  • nº 6
  • nº 7
  • nº 8
  • nº 9
  • nº 10
  • nº 11 (1893, 23 juil.-6 aout)