Verviers
Parution : déc. 1867-mai 1880 [I-XIII, nº 1-554]
Mensuel puis hebdomadaire à partir de mars 1870, c’est le journal du groupe proudhonnien des « Franc-ouvriers » de Verviers, créé en 1867 et qui devient, en 1868, la section verviétoise de l’Association internationale des travailleurs (AIT) [1]. Plus tard, plusieurs Vierviétois comme Fluche seront les rares Wallons à participer à la création de POB (Parti ouvrier belge) en 1885
Le titre est signalé par Jan Moulaert qui le signale un temps (1877) sous le mainmise du groupe L’Étincelle avant qu’il ne crée Le Cri du peuple (1878-1879). Ce dernier est souvent décrit comme cercle anarchiste dans les notices du Maitron de Belgique.
Micheline Zanatta considère que des anarchistes ont participé à ce journal verviétois comme à celui de Liège, L’Ami du peuple.
Il absorbe le journal L’Internationale : organe des Sections belges de l’Association internationale des travailleurs en janvier 1874. Le Bulletin de la Fédération jurassienne, année 3, nº 4 (25 janvier 1874) signale : « Belgique. Le journal Le Mirabeau est devenu pour une année l’organe fédéral des sections belges ; les internationaux de Verviers n’ont pas jugé devoir changer à cette occasion le titre de leur journal. L’Internationale de Bruxelles a cessé de paraître. ».
Beaucoup de pseudonymes (Bébé, Hector de Liège, un Hiercheur, un socialiste liégeois, un communeux, un travailleur, un compagnon cordonnier, un tisserand, un fermier, un producteur qui n’est pas égorgeur, Rebille, Prol Ether [Émile Piette], un internationaliste, un partisan de la justice, le docteur Purge, …).
En « une » du premier numéro (1er décembre 1867)
Qu’est-ce qu’un journal, et à quoi sert-il ?
Un journal c’est un INSTRUMENT qui sert à faire correspondre entr’eux tous les hommes d’une même caste, d’un même parti, d’une même idée, afin de les tenir au courant de tous les mouvements, de tous les développements, de tous les perfectionnements de cette caste, de ce parti, de cette idée.Un journal, c’est l’avocat d’un parti.Si un journal est nécessaire pour:tenir tous les membres d’un parti au courant des questions à l’ordre du jour, il est aussi indispensable pour défendre ce parti quand il est attaqué.Bref, sans journal pas d’entente ni de réussite possibles pour les vues d’un certain nombre d’hommes.Ici à Verviers, nous n’avions seulement pas une feuille de chou pour exposer les vues et défendre les intérêts de la classe ouvrière.Nous n’avions pas un journal pour signaler nos maîtres à la vindicte publique quand ils nous faisaient quelqu’injustice ou quelqu’avanie, ce qui leur arrive si souvent.Nous n’avions pas de journal pour châtier les ridicules et les vices de ces messieurs, chose, qu’ils se permettent bien envers la classe ouvrière.Et ! bien, un voici un ; mais, faites attention à une chose : Quand vous prenez un avocat, il faut que vous le payiez, n’est-ce pas ?Eh ! bien, si vous voulez un journal qui prenne franchement parti pour vos intérêts. il faut que vous le payiez également. Or, tout journal. pour bien marcher, doit vivre d’abonnements. Donc travailleurs, si vous avez à cœur le but que nous nous proposons. vous connaissez votre devoir, ce n’est pas le diable qu’un abonnement d’un an.Nous ferons l’impossible (car nous trouvons qu’il n’y a guère de mérite à ne faire que des choses possibles) pour vous être utiles, et pour vous plaire ; à vous de nous aider dans la mesure de votre pouvoir.⁂
Ce journal est aussi l’organe de l’Association des Francs-Ouvriers.Qu’est-ce que cette Association ? me direz-vous. Est-ce une société de consommation, est-ce une société pour bâtir des maisons ouvrières, une société de coopération, une société d’épargne, de secours mutuels ?Non, non, non, rien de tout cela. […]