Création de la notice : René Bianco

Bi 1226

L’Intrus

 


Parution : 1966-1966





15 numéros.
Directeur de la publication : René Ringeas puis René Ringenbach (dont il est le pseudonyme)
Adresse : 5, rue Cagé, Saint-Ouen (Seine)
le CCP est celui des éditions du VieuxSaint-Ouen
Imprimerie Busson : 117, rue des Poissonniers, Paris 18e.

Présentation dans le 1er numéro :

S’instrure
Puisqu’il faut se définir, recourons à Littré, édition de 1877, tome III, p. 144 :
S’instrure : s’introduire sans droit ni titre !
Et voilà les choses énoncées et annoncées au plus court par le moyen de ce pronominal vétuste, auquel il n’est plus que Maurice Grevisse, dans son Bon usage, pour faire un sort !
Nous sommes dans le cas dérisoire, en effet, de ne nous prévaloir de personne.
Ni d’un parti, ni d’un groupe, pas même d’un simple patronage.
Autant dire que nos lettres de créance ne sont pas minces, mais nulles.
Sans droit comme sans titre, nous ne venons pas non plus en redresseurs de torts, en gens qui prétendent à bouleverser l’État ou à améliorer le sort du prochain. Les entreprises de bonheur public sont déjà légion, et, prédicants ajoutés à tant d’autres, notre échec serait d’autant plus assuré.
Témoins ou spectateurs narquois, et seulement cela, nous n’en sommes pas plus convaincus de vous séduire.
Les « clientèles » auraient, en effet, difficulté à trouver chez nous leur compte, de façon continue en tout cas, telle chose pouvant les satisfaire un jour, mais qu’une suivante fois démentira.
L’inconfort intellectuel guettera donc le lecteur éventuel. Qu’il y prenne garde, d’ores et déjà, plutôt que de nous faire reproche d’une inconstance quelconque dans la suite.
Soyez pareillement circonspects quant à notre moralité.
C’est toujours présomption que de prétendre à la vertu, et si ce chapitre vous soucie, vous n’avez que trop à faire autour de vous. Les papiers publics sont innombrables où l’on décrète que l’autre est toujours une canaille, un fonds-secrétier ou un vendu à l’adversaire apparent.
Que cela soit donc clairement entendu : ne nous demandez pas ce que vous attendez peut-être. Nous ne visons pas à changer les institutions, pas même à les améliorer. Elles sont toujours mauvaises, a dit Alfred de Vigny, et du mauvais au supportable, la nuance ne vaut pas une goutte de sang.
Donc, autant que parler suffira à dire, nous nous garderons des adjectifs, surtout de ceux portant appréciation morale, laissant ce genre de profusions à de plus éminents spécialistes.
Le fait, dans les limites du connaissable et du contrôlable, sera le seul impératif auquel il nous ennuierait de déroger.
Notre entreprise est donc insensée, comme vous avez déjà pu en juger. Tous les gens réputés sérieux, consultés, nous l’ont dit et redit.
Il ne vous reste plus qu’à confirmer, ou à infirmer !

Décès annoncé dans le dernier numéro :

Fin d’une histoire de fous
Intrusion
Quinzième et dernier numéro de L’Intrus.
L’Intrus est mort tout au moins sous une forme hebdomadaire. Nous continuerons à publier, de temps ç autre un numéro spécial, sans garantie de régularité.
L’obligation dans laquelle nous nous trouvons, au quinzième numéro, de publier un « faire-part » ne surprendra personne. Et surtout pas nous.
Notre plus grande surprise est d’avoir tenu plus de trois mois. Nous avons — dans l’ensemble de l’équipe — passé l’âge de la puérilité et l’on ne ferait pas un gros paquet des illusions qu’il nous restait à perdre au moment de lancer notre pari stupide.
Peut-être nous reprochera-t-on ne n’avoir rien fait pour ouvrir l’éventail de notre « clientèle » ce qui reviendrait à nous reprocher d’être nous-mêmes, de voir avec nos propres yeux, de ne dire, de n’écrire que ce que nous croyons, même si le public attend autre chose.
Pour nous, il s’agissait d’un vieux rêve, d’une histoire dont nous avions trop parlé tout au long de notre vie, qui avait hanté trop longtemps nos dialogues pour qu’elle ne trouve pas un jour un semblant de réalisation.
Il était fou de faire L’Intrus ; il eût été stupide de ne point le faire.
Quelques escarcelles s’y seront vidées ce qui ne représente tout compte fait qu’un retour aux origines et aux vieilles habitudes. Si nous pouvions éprouver un peu d’amertume, ce n’est certes pas de ce côté !
Nos abonnés n’y perdrons rien, L’Intrus étant œuvre d’aventuriers. Et non d’honnêtes gens en paix avec leur conscience s’ils le sont avec la loi.
Ces chers Téméraires, nous ne les connaissons pas mais, parmi eux, les célèbres nous donnent une idée de l’ensemble.
Illustres ou inconnus, nous n’auront attiré que des “endehors” et ce sera notre « succès ».
Nous ne pouvions prétendre intéresser ni les foules, ni les partis, ni les groupes, ni les clubs, ni les cercles, ni les Églises, ni les chapelles, ni les minorités, ni les oppositions, ce n’était pas notre dessein.
Notre entreprise était insensée. Nous sommes et resterons des insensés conscients, éclairés.
Quelle sera — un peu plus tard — notre nouvelle formule ? Le format, la présentation, les sujets traités ne seront peut-être plus exactement les mêmes mais L’Intrus ne peut être qu’un intrus et il est trop tard pour que nous apprenions à faire des ronds de jambe.

Parutions :

  • nº 1 (1966, 20 janv.) — « L’“affaire” : simple péripétie ? »
  • nº 2 (1966, 27 janv.) — « En pleine escalade… »
  • nº 3 (1966, 3 févr.) — « J’ai la mémoire qui flanche (air à la mode) »
  • nº 4 (1966, 10 févr.) — « Déraillement de l’express »
  • nº 5 (1966, 17 févr.) — « Trois colonels : Finville est-il Henry ou Picquart ? »
  • nº 6 (1966, 24 févr.) — « L’année sociale : tu peux toujours causer !… »
  • nº 7 (1966, 3 mars) — « Où il est question de : Fatras, Tintin, Biribi »
  • nº 8 (1966, 10 mars) — « Une institution à perfectionner : la passage à tabac »
  • nº 9 (1966, 17 mars) — « Le “social” de Waldeck : chiqué suprême… »
  • nº 10 (1966, 24 mars) — « Oraison pour Pauk-lo Leca, homme d’honneur plutôt qu’honnête homme »
  • nº 11 (1966, 31 mars) — « Donnez leur la pilule au lieu de leur la dorer ! »
  • nº 12 (1966, 7 avr.) — « Le Dauphin »
  • nº 13 (1966, 14 avr.) — « Le nouveau roi de la publicité : Yvon Bourges »
  • nº 14 (1966, 21 avr.) — « Salut les “cops »”
  • nº 15 (1966, 28 avr.) — « Fin d’une histoire de fous »