Création de la notice : René Bianco

Bi 1925

La Rue_

journal anarchiste du 13 arrondissement, journal du groupe libertaire Jules-Vallès, 13e


Parution : 1966 (fin)





Contact : Dominique Joubert, poste restante 101, Paris 13e
Pour nous aider : Jean-Claude Facchin, CCP…

Éditorial :

Ce journal n’en est qu’à son premier numéro. Et pourtant, il est l’aboutissement d’une longue tradition, tradition de révolte et de démystification qui s’est transmise avec son titre même. Fondé par Jules Vallès pendant les années glorieuses et sanglantes à la fois de la révolution ouvrière de la Commune, il fut interdit, repris, interdit à nouveau par les autorités qui pour être républicaines n’en étaient pas moins du côté des puissants contre les opprimés.
 
Des hommes de bonne volonté reprirent la publication de ce journal après la dernière — la der des der — ne serait-ce que pour « sauvegarder le titre ». Ces hommes étaient Albert Camus, Alexandre Breffort, presque toute l’équipe du Canard enchainé de l’époque. Ils en firent une publication avant tout littéraire et artistique, amis ayant conservé du lointain ancêtre la liberté d’esprit, à défaut de la liberté de la presse. Si bien que se perpétua la tradition des interdictions, censure, suppression de la part d’un pouvoir qui, s’il avait changé de nom, n’avait pas changé sa nature. (Louise Michel, autre héroïne de la Commune disait : « Le Pouvoir est maudit, c’est pourquoi je suis anarchiste ».)
 
Et aujourd’hui, pour la nième fois., reparait La Rue. À sa manière, et selon ses moyens, ii entend poursuivre la tradition de journal de combat. Son influence ; sa portée, seront certes insignifiantes, et sera à la mesure de sa présentation. C’est que c’est un journal de jeunes, d’un groupe de jeunes anarchistes qui luttent à leur façon dans un seul arrondissement, le 13ème.
 
Brochure de combat, donc. Combat syndical, politique, combat révolutionnaire, mais aussi combat contre toutes les mystifications, combat de débourrage de crânes, tant politique que culturel, artistique, littéraire.
 
Son influence sera insignifiante, disions-nous ? Peut-être. Mais devant les méfaits sans cesses croissants du capitalisme, des gouvernements, de la Calotte, du marxisme, nous ne devons pas arrêter notre lutte. Lorsqu’on voit, grâce à l’Affaire Ben Barka, toute la pourriture que recouvre les polices payées pour sauvegarder un régime non moins pourri, au besoin en se faisant les bouchers de Charonne ; lorsque l’on voit un général aller entonner un couplet sur la paix au Viet Nam avant d ’aller voir s’envoler en fumée l’argent du contribuable sous forme de bombinette à Tahiti ; lorsque l’on voit l’Art soumis à la censure des imbéciles du gouvernement ; lorsque l’onvoit la presse bayonnée, les éditeurs ridiculisés par cette bande d’ânes ; lorsque l’on voit l’ORTF envahie par ce crétin complètement pourri de Jean Nocher, alors que l’on refuse la parole à un des rares hommes dignes de ce temps, Louis Lecoin ; lorsque l’on voit une opposition se ridiculiser aux dépens de ses adhérents, ne rêver qu’à s’en foutre plein la poche, débiter des sornettes infâmes ; lorsque l’on entend les marxistes. promettre des paradis à leurs électeurs (quitte à leur donner des bagnes si par hasard ils prennent le pouvoir) à grand renfort de dialectique ; lorsque etc. à l’infini … Et bien, devant tout ces faits, une seule chose reste à faire à l’homme qui veut que ça change, POUR DE BON. Une seule chose lutter, par tous les moyens, même ridicules, même insignifiants.
 
e Capitalisme, l’État, l’Église, l’Armée, la Police ne se. cachent même plus ; et travaillent à faire de l’individu un robot insensible à la douleur. Et bien, nous aussi, luttons à visage découvert. Même si La Rue ne parait que pendant quelques numéros, même si peu de gens le lisent, même si ses points de vue ne sont pas toujours forcément exacts, du moins aura-t-il aidé à la démystification qui s’impose, du moins aura-t-il fait avancer d’un pas vers l’Anarchisme.

Signature :
J.C. [Facchin] (le prolo du 13e), Clara, R. Finster, D. Joubert, Liberto, Jules Vallès

Le journal cède rapidement son titre pour qu’il soit utilisé par le groupe Louise-Michel du 18e arrondissement (Paris) de la Fédération anarchiste. Ce sera La Rue : revue culturelle et littéraire d’expression anarchiste dont le premier numéro parait en mai 1968.

La Rue : journal anarchiste du 13e arrondissement, journal du groupe libertaire Jules-Vallès, 13e devient lui L’Insurgé : journal anarchiste du 13e arrondissement, journal du groupe libertaire Jules-Vallès, 13e