Le numéro 0 (17 oct. 2007) se présente :

Tierra y libertad !

C’est un heureux sentiment de fraternité, résonnant d’identiques aspirations par dessus le temps et les océans, qui nous a conduits au choix d’un titre aussi ambitieux pour distinguer un modeste bulletin dont voici le premier numéro.

Titre ambitieux, puisqu’il fut celui du journal de Flores Magón, inspirateur d’Emiliano Zapata et de ses compagnons. Énorme ambition puisque la régénération à l’ordre du jour, aujourd’hui comme alors, n’est rien de moins que celle du monde.

Modestie parce que très incertains nous sommes de pouvoir nous hisser à la hauteur des nécessités du moment. Nous savons vers où nous voulons aller et ce dont nous ne voulons pas. Comment y parvenir est une question béante mais, dans la succession des échecs passés, les pièges sur lesquels reposent les triomphes répétés de la domination et de son monde indiquent clairement autant de voies sans issue.

Fiction aussi mystificatrice que le fut en son temps la dictature "du prolétariat", la "démo"-cratie est du nombre. L’escroquerie est le fond uni-taire de toutes les formes d’organisation politico-économique fondées sur la domination et l’exploitation. Dans l’art de la tromperie, le marketing politique n’a rien à envier à son pendant commercial, lequel a du reste fourni la matrice. Inspirée autant qu’intoxiquée par la représentation publicitaire de la réalité, la valetaille intello-culturiste au service des gangs de la classe dominante s’est faite experte en endoctrinement des foules. Elle s’est spécialisée dans la mise au point et la propagation de collections d’euphémismes, de tournures manipulatoires, d’expression falsifiantes qui participent à l’élaboration d’une psychologie de masse du capitalisme (1). Dans la béatitude démocrato-marchande prolifère une confusion d’idées qui s’immisce jusque dans des têtes réfractaires au statu-quo, ce qui explique sans doute le spectaculaire succès d’Attac, par exemple.

Résolument appuyé sur l’enseignement de l’expérience anarchiste, ce bulletin trouve sa rai-son d’être dans l’impérieuse nécessité d’oeuvrer au maintien et développement d’une culture de l’auto-défense intellectuelle face aux tripotages émotionnels du catéchisme médiatique. Sa volonté éditoriale est de débusquer, chasser la confusion partout où, dans les perversités de ses manifestations pratiques, elle entrave le développement et la propagation de l’intelligence sociale.

Régénération est un cri de plus de ce courant, populaire et anti-autoritaire, qui du plus profond des sociétés et tout au long de l’histoire cherche les voies du dépassement vers toujours plus d’humanité avec « la liberté comme base, l’égalité comme moyen, la fraternité comme but » (2).

(1) merci à Wilhelm Reich

(2) Ricardo Mella

Dans le même numéro, l’annonce du passage de la 2e UR-CNT à Contre Sens :

Comme l’annonçait le nº94 du Bulletin d’information de la 2e UR, qui lut le dernier, la 2e UR n’avait plus de raison d’exister. Devant la situation générale des sections de l’AIT, le groupe qui composait la 2e UR a décidé de rester, au moins temporairement, en exil de la CNT. […]

Il s’ensuit que le local du 39 rue de La Tour d’Auvergne a quelque peu changé d’usage et d’usagers. "Contre sens" est l’association qui conduira l’animation principale du local, siège depuis 1946 de la CNT à Paris.

 

Contre sens

 

Contre Sens est un groupe d’intervention de critique sociale, qui se propose d’ouvrir le local une quinzaine d’heures par semaine pour y animer un centre de documentation, des ateliers d’expression et y mener une activité de librairie.

Le lieu étant organisé autour d’une mutuelle de lecteurs, il va permettre avant tout la mise en commun d’outils aptes à favoriser des initiatives porteuses d’aspirations émancipatrices.

L’objet du Centre de documentation est de mettre à la portée du public cette sorte d’observatoire critique du monde qu’offrira un fonds documentaire spécialisé dans les luttes sociales, contestations, anarchisme, libre pensée… Ce fonds sera constitué par des achats, dons et prêts à long ferme, de livres, journaux, films et disques. La volonté d’archivage, notamment pour les anciens numéros de revues, est manifeste.

Par activité de libraire, Contre Sens entend promouvoir un type et un mode de publication que l’association veut défendre. Il s’agira d’offrir une visibilité supplémentaire à certaines structures éditoriales mais aussi d’avoir en vente des titres dont la lecture parait tout simplement nécessaire. Le catalogue ne sera pas exhaustif, dans la mesure où pour Contre Sens la librairie est loin d’être une fin en soi.

Lieux de production, échange, apprentissage et enseignement mutuels, les ateliers sont destinés faciliter la pratique de la lecture, de l’écriture, du dessin, comme de l’audio-visuel. L’ouverture au public ne se limite pas à la consultation, au prêt et à la vente d’ouvrages ou de documents, il s’agit aussi de susciter des rencontres artistiques. Dans ce sens, l’association entend organiser régulièrement des expositions (photos, illustrations, pochoirs…), des projections (films, montages produits par l’association) et multiplier ou étendre la palette d’ateliers, selon les propositions des adhérents. Le noyau fondateur de Contre Sens souhaite exercer son regard critique au moyen du détournement et de la satire, revue de presse hebdomadaire, dub de lecture et confection de pochoirs…

 

Régénération

 

Pour plus d’informations

Contre Sens

39 rue de La Tour d’Auvergne

75009 PARIS

01 48 09 85 66

contre_sens@no-log.org

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