L’Anarchie
paraissant tous les jeudis
L’Anarchie :
hebdomadaire. — Paris. — N° 1 (1905, 13 avr.)-n° 485 (1914, juil.)
Éditorial du 1er numéro :
Aux anarchistes !L’heure nous paraît venue de jeter dans la circulation un organe anarchiste. Peut-être nous trompons-nous.Rompre tout à coup avec les idées reçues dans l’humanité. Ne pas être l’opportuniste qui les suit, ni l’idéaliste qui bâtit dans l’ile de Salente ou dans le pays de l’Utopie ; vouloir vivre, non dans des caprices de fou ou de névrosé, mais en se mettant d’accord avec les connaissances scientifiques actuelles, la meilleur hygiène, la meilleure économie : cela peut paraître encore une œuvre prématurée.Nous ne sommes pas des libertaires, des libélâtres. Un homme a dit : « La liberté de l’homme peut aller jusqu’où va sa puissance, ce qui ne veut pas dire qu’il ait besoin de le faire. »C’est ce que nous pensons.De tout côté, à tout moment, dans le milieu révolutionnaire, on entend ces mots : « Je suis libre. » Libre de vider force verres d’absinthe ou d’alcool, libre de violenter son prochain, libre de travailler dix ou douze heures ou d’abrutir son esprit ; libre d’être fainéant, d’être gendarme ou d’être rentier, si on en a la puissance ?Il s’agit de savoir si cette liberté et cette puissance, correspondent avec le plus grand développement de l’individualité humaine.Nous ne voulons pas diminuer la liberté de l’individu puisque nous travaillons au contraire à augmenter la faculté de puissance, mais nous voulons qu’à tout moment l’homme soit maître de lui, soit de force à envisager la minute présente et les minutes à venir.Nous désirons que l’homme se considère comme une machine dont il doit retirer le maximum de travail, c’est à dire de jouissance. Qu’on le sache bien, le mécanicien qui brûle se chaudière pour arriver à l’étape fait son dernier voyage.Que les hommes aient la liberté de tout faire mais qu’ils sachent où les conduit chaque liberté et que seulement après avoir pesé le pour et le contre, ils se décident à agir.Traçons dans notre cerveau, en lignes assez précises, non définitives pourtant, le croquis de l’existence que nous voulons vivre et entrons en lutte immédiate avec les forces adverses.Disons-nous bien que détruire la Bastille est œuvre médiocre, si l’on conserve en soi l’idée de vindicte qui la fera reconstruire, style moderne pourtant ; que l’autorité qui émane d’un seul n’est pas plus dangereuse que celle qui émane d’une aristocratie ou d’une démocratie. Le czarisme ou la république sont pour nous des gouvernements équivalents. La liberté d’un peuple est l’échelle qui montre la mentalité des individus qui le composent et non pas la forme de l’État.La lutte pue nous entreprenons est une lutte contre les individus, ce n’est pas contre le Gouvernement ou les élus que nous luttons, c’est puéril, c’est contre les électeurs ; ainsi procéderons-nous dans tout ordre d’idée.Oui, c’est contre le mouton, le mouton de Panurge, que nous nous tournons, contre l’homme qui vote, qui se syndique, qui se marie ; dont tous les pas, tous les gestes sont tracés, non par son expérience, ni même celle de ses amis ou d’individus ayant intérêts parallèles, mais par l’autorité religieuse, patronale, syndicale, gouvernementale, c’est à dire par la synthèse de leur ignorance particulière.Nous sommes anarchistes : c’est à dire contre toute autorité subjective d’où qu’elle vienne, et nous ne supportons l’autorité subjective qu’à notre corps défendant.L’idée de dieu, d’honneur, de patrie, les lois, les réglements, sont des autorités subjectives, c’est l’ignorance en leur portant la force des peuples, qui les rends objectives, c’est donc contre elle que nous lutterons.Aujourd’hui et non demain, à la minute présente, se forme un monde anarchiste, composé d’individus qui n’obéissent qu’à la force objective.On a laissé courir ce lieu commun : « Il n’y a que les anarchistes qui sont morts pour la Cause qui l’étaient véritablement. » Il y a ceux qui vivent, ceux qui veulent vivre encore et plus, en lutte pour le plus grand développement de leur individualité.Les réformistes, les socialistes, les révolutionnaires avant tout, les opportunistes, les idéalistes, les briseurs de mur à coup de tête, n’auront pas place ici.Cette feuille désire être le point de contact entre ceux qui, à travers le monde, vivent en anarchistes, sous la seule autorité de l’expérience et du libre examen.
Liens de localisation BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429211d CDA : http://sha-fa.cybertaria.org/?article32 (le site officiel en panne ou disparu, voir aussi au CHT) CHT : https://cht-nantes.bibliossimo.net/pmb/opac_css/index.php?lvl=titre_uniforme_see&id=3533 (il peut s'agir du fonds du CDA) CIRA Lausanne : http://www.cira.ch/catalogue/index.php?lvl=notice_display&id=201715 Mundaneum (Mons) : https://catalogue.mundaneum.org/index.php/Detail/objects/57801 Mundaneum (Mons) : https://catalogue.mundaneum.org/index.php/Detail/objects/57970 IFHS : http://anarlivres.free.fr/periodiques/catalogue.pdf
Collections numérisées (Lidiap, ArchivesAutonomies ; et.al.) Lien : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34429211d/date Lien 2 : https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique160
Au moins 5 ouvrages recensés dans le Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones [1].
Au moins 36 cartes postales parues sous ce nom. Voir sur Cartoliste.
Au moins 10 affiches anarchistes parues sous ce nom (voir sur le site Placard).
Parutions :
[1]
Notice(s) trouvée(s) sur le Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones :Hael [André Lorulot]. — La Justice et les criminels. — Anarchie, 1910. — 8 p.« Lire et faire circuler. Publication n° 1 » sur la couv.
Rédan. — Biribi. — [Romainville ?] : éd. de L’Anarchie, [1910]. — 8p.« Lire et faire circuler, publication n° 4 ».
Lorulot, André. — Procréation consciente. — Romainville : Anarchie, 1910. — 8 p. — (Éditions de l’Anarchie ; 6).Rééd. en 1913 à L’Idée libre.
Ego. — Illégalisme et légalisme. — Paris : Anarchie, 1912. — 8 p. — (Édition de l’Anarchie ; 10).« Lire et faire circuler. Publication n° 10 » sur la couv.
Lanoff, Robert. — De la rue Ordener aux Aubrais. — S.l. : Anarchie, 1912. — 8 p.« Lire et faire circuler, publication n° 14 ».
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