Création de la notice : René Bianco

Bi 2157

La Vérité

organe hebdomadaire du communisme libertaire


Parution : 1896-1897



Annonces en « une » du 1er numéro (5 décembre 1896) :

Avis

 
Nous adressons le démenti le plus catégorique aux individus qui, dans l’intention de nuire à la vente du premier numéro de notre journal, répandent le bruit, dans le public, que nous sommes subsidiés par un clan de politiciens pour’ faire paraitre cet organe.
Nous informons nos amis et lecteurs que nous n’avons et ne voulons avoir rien de commun avec qui que ce soit de la politique.
Nous ne sommes pas de ceux qui se vendent au plus offrant ou qui prostituent leurs consciences pour une place de conseiller ou de député. Nous sommes libres et indépendants comme l’exigent les principes que nous défendons et préconisons.
Nous faisons paraître ce journal de nos propres ressources et si un jour il succombe ce sera au moins sans avoir été déshonoré par des louches compromissions.
 

La Vérité

 
Le 16 juin dernier la magistrature confisquait le journal la Débâcle sociale et condamnait notre camarade Sevrin à 14 mois de prison sous le fallacieux prétexte de provocation au meurtre et au pillage.
 
Son but était d’intimider ses compagnons de lutte, à seule fin d’enrayer la propagande de leurs idées.
 
Elle apprendra aujourd’hui qu’elle s’est grossièrement fourvoyée et que le vide qu’elle a cru faire dans nos rangs en nous privant de ce propagandiste, n’a réussit qu’à stimuler notre ardeur, qu’à nous faire redoubler d’efforts en vue de répandre les vérités qui lui font peur.
 
Si elle tremble devant la pensée libre, dégagée des préjugés qui font encore la force des institutions existantes. Tant pis pour elle. Ce ne sont pas les tracasseries policières, ni les arrêts rendus contre nos amis, qui nous empêcherons de dire, ni d’écrire, ce que nous pensons des canailleries qui se commettent journellement par les bourreaux et les geôliers qui, de près ou de loin, tiennent à la gouvernante.
 
Car dès ce jour nous recommençons le combat plus résolu que jamais.
 
Telle est, du reste, la raison d’être du journal la Vérité que nous créons, et son titre indique suffisamment quelle sera sa mission, qui sera celle de son prédécesseur la Débâcle sociale, c’est-à-dire attaquer l’autorité dans toutes ses manifestations, dévoiler le but qu’elle poursuit et les moyens qu’elle emploie pour asservir l’individu et en faire ainsi l’esclave des histrions politiques, économistes et religieux qui vivent à ses dépens dans le luxe, dans l’oisiveté, dans les jouissances, dans la débauche et la dépravation, pendant que lui, le producteur de tout ce qui est nécessaire à la vie, vit dans une éternelle misère, n’ayant en perspective que la mort par inanition, par la faim, s’il ne trouve pas un exploiteur qui consente à lui jeter un os à ronger, sous forme de salaire, en le faisant turbiner des 12 et 14 heures par jour et s’il est vieux ou brisé avant l’âge, un hôpital ou le coin d’une rue pour terminer Sa misérable carrière.
 
Affranchir l’individu au triple point de vue intellectuel, moral et physique en le dégageant des entraves de la superstition et des préjugés répandus et entretenus avec tant de soins par les souteneurs du régime social actuel, sera le but que nous poursuivrons avant tout, parce qu’affranchi, ayant conscience de ses droits et jouissant de toute la plénitude de sa raison, l’individu deviendra un révolté, n’aspirant plus qu’au renversement du régime de compressibilité que nous subissons et qui n’a jamais réussi qu’à faire des automates, des brutes, un bétail à exploitation n’ayant plus rien d’humain que la face, au lieu d’en faire des êtres libres, qui ne demanderaient qu’à s’épanouir par le libre accord de leurs affinités et de leurs tendances.
 
La lutte que nous reprenons à nouveau est une lutte à outrance contre le mensonge, l’iniquité, l’ignorance et la mauvaise foi.
 
Nous la soutiendrons avec la ténacité qu’on ne trouve que dans une profonde conviction, chaque page, chaque colonne, chaque ligne, chaque mot de notre journal sera l’expression de nos aspirations et de notre haine envers les institutions établies.
 
Notre cri de ralliement sera toujours le même, guerre à Dieu, guerre à l’État, au nom desquels les mensonges les plus infâmes sont débités, les iniquités les plus monstrueuses commises impunément, grâce à l’ignorance dans laquelle on a plongé les masses depuis que ces deux absurdités ont été inventées.
 
Absurdités qui révoltent le bon sens, outragent la raison et soulèvent de dégout, le cœur de tout individu affranchi.
 
Notre tâche sera rude et ingrate nous le savons, les coups que nous recevrons ne partiront pas toujours de retranchements de la réaction, mais de ceux qui souffrent comme nous, qui ne comprennent pas d’où viennent leurs maux et en sont encore à se venger sur leurs frères de misère, croyant ainsi soulager leurs souffrances, mais nous la poursuivrons quand même, envers et contre tout. Nous ne nous adressons pas à une classe, ni à une catégorie d’individus, nous disons :
 
« Vous tous qui souffrez dans toutes vos manifestations, dans tous vos actes de l’autorité oppressive.
 
Vous tous qui êtes victimes de la concurrence commerciale, financière et industrielle.
 
Vous tous qui êtes lassent de cette vie de servitude et d’obéissance passive, qui souffrez dans vos cœurs et dans vos cerveaux.
 
Vous tous les affamés, les volés, les spoliés et les déshérités de vos droits à l’existence. Venez nous aider dans cette lutte d’affranchissement et d’émancipation.
 
Venez, venez nos bras vous sont ouverts.
 
Verrez travailler avec nous à chasser les ténèbres qui obscurcissent encore la conscience des individus ; venez nous aider à préparer les esprits pour la prochaine révolution qui avance à grands pas, en leur démontrant par quels moyens ils pourront se débarrasser définitivement de l’oppression, de la tyrannie et du despotisme.
 
Venez, les jeunes, apprendre à connaître ce que c’est que le communisme anarchiste, vous verrez qu’il n’est pas ce que les bourgeois ou aspirant bourgeois vous en disent dans un but intéressé, vous verrez qu’il n’est pas le sang qui coule dans les rues, le désordre, le chao, l’horreur et l’atrocité, mais qu’il est, au contraire, le respect d’autrui, l’ordre, l’harmonie, l’amour et le bonheur.
 
Venez donc, cœurs bons et généreux, contempler, à la lumière bienfaisante de la vérité, l’aube splendide qui se lève sur l’humanité souffrante.
 
Venez, avec nous, travailler à la réalisation de cette société libertaire qui donnera à chacun la place qui lui revient au banquet de la vie.
 
Venez, victimes innocentes du mensonge et de l’égoïsme étroit, votre place est ici à nos côtés et non parmi les vendus, les pleutres, les lâches et les veules de la société capitaliste et autoritaire. Par l’analyse et la dissection des faits politiques et économiques qui se déroulent chaque jour sous nos yeux, vous saurez quelle est la cause de vos misères et de vos souffrances et pourquoi le malheur de l’un fait le bonheur de l’autre dans nos sociétés, dites civilisées.
 
Venez, frères de misère et de servitude, nous vous attendons.
 
La rédaction.


La Vérité : organe hebdomadaire du communisme libertaire. — Ensival (Verviers), 1896-1897). — Nº 1 (1896, 5 déc.)-nº 4 (1897, 9-23 janv.).

 Sur Canto : chansons et poésies parues dans ce périodique
Lien :   https://canto.ficedl.info/?article1782

Parutions :

  • nº 1 (1896, 5 déc.)
  • nº 2
  • nº 3
  • nº 4 (1897, 9-23 janv.)