Création de la notice : René Bianco

Bi 0084

Alliance ouvrière

organe syndicaliste [pour un regroupement syndical]


Parution : 1953-1955





Un appel « Aux militants syndicalistes du Sud-Est » est diffusé probablement fin 1952 (voir pièces jointes) par Paul Berthoin pour présenter le projet de ce journal :

Nous avons l’intention de fonder un journal ouvrier : « L’Alliance ouvrière ».
 
Les publications, imprimées ou ronéotypées ne manquent pas. Partis, syndicats, centrales, possèdent des organes plus ou moins lus. Nous sommes pourtant un certain nombre de militants qui éprouvons le besoin d’un journal qui reflèterait la vie ouvrière, exprimerait ses désirs, étudierait ses problèmes, analyserait ses expériences, rechercherait des méthodes d’action adaptées aux circonstances nouvelles du combat social.
 
La plupart des publications s’adressant aux salariés visent à embrigader ceux-ci dans l’une ou l’autre formation politique ou syndicale, à les discipliner par l’acceptation d’une doctrine, à les enregistrer derrière un drapeau, à les mobiliser pour le triomphe d’un mot d’ordre de circonstance.
 
Nous voudrions donner la parole aux militants, non pour les entrainer dans des polémiques, mais pour les faire raisonner sur des réalités vues par eux-mêmes.
 
Les membres de l’équipe indispensable pour mener cette œuvre à bien doivent donc faire effort pour abandonner leur patriotisme de centrale, leurs tics partisans, leurs réflexes acquis il y a trop longtemps, pour se donner une règle simple et nette : les organisations syndicales ne sont que des outils de l’émancipation ouvrière, outils perfectibles et non buts en soi.
 
Nous pensons donc travailler avec ceux qui se trouvent à pied d’œuvre, sur le lieu de travail, et qui, jour après jour, affrontent la réalité des luttes sociales.
 
Nous voulons aborder les problèmes qui se posent au mouvement ouvrier de façon immédiate : logement, unité sociale, distribution, salaires, terme, prise en main de l’héritage capitaliste. Non pas en accumulant des thèses, mais en découvrant une réalité sociale qui ne peut être modifiée que par un effort collectif, sur la base de faits connus et compris, par des moyens essentiellement ouvriers.
 
Cette méthode doit nous conduire naturellement au rassemblement dans l’action lucide des forces syndicales libres, plus sûrement que les tractations entre états-majors, plus solidement que var la surenchère des propagandistes.
 
Les grandes questions que posent les relations internationales dont la présentation et les solutions sont actuellement du ressort quasi exclusif des groupes d’intérêt privés ou des appareils d’État doivent être repensés par ceux-là mêmes qui seront chair à canon après avoir été chair à travail, non en fonction de formules ou de slogans, mais en fonction de leurs intérêts propres.
 
En premier lieu, ces questions se posent sur le terrain du travail, par l’entente et la solidarité avec ceux qui, par le hasard des migrations économiques, les impératifs des exodes sociaux sont venus se fixer en France : Espagnols, Italiens, Polonais, Nord-Africains. L’internationalisme commence chez soi.
 
Esprit pratique, sens du réel, mais buts précis d’émancipation sociale des travailleurs, tel est l’essentiel de notre pensée.
 
Nous voudrions voir se rassembler autour de ce journal tous les militants de la région de la Loire, du Rhône de l’Isère où de solides noyaux agissent mais où les divers bulletins ouvriers ont dû disparaître, faute de ressources et parce qu’ils ont refusé des offres publicitaires intéressées ou des subsides gouvernementaux.
 
Nous débuterons modestement par un mensuel car il faut que ce journal soit la réponse à un besoin et non une [création ?] artificielle.
 
Que contiendra ce journal ? Des nouvelles d’usines et de chantiers, des reportages sur les grandes concentrations industrielles, des chiffres sur la réalité de la production et de la répartition, des nouvelles du mouvement ouvrier international, des chroniques pour les travailleurs immigrés, des expériences de comités d’entreprise, des coopératives, des syndicats, des études de grands mouvements revendicatif.
 
Il dépendra de la première équipes qu’il soit vivant à l’image de la classe ouvrière elle-même. Il dépendra des lecteurs, des abonnés, des diffuseurs, des correspondants qu’il soit lu et que sa diffusion soit large et constante.
 
C’est pourquoi, sur la base de ce programme et en faisant confiance à cet état d’esprit, nous vous demandons de répondre soigneusement, sans bluff mais sans fausse modestie, au questionnaire ci-dessous et de joindre votre signature à celles du premier noyau.
 
Nous ne ferons peut-être pas grand au début, mais nous ferons du solide et de l’utile et nous ne devrons les résultats qu’à notre effort, de même que les libertés, les conquêtes et les avantages de la classe ouvrière n’ont été le résultat que de ses propres luttes.
 
[…]
 
À renvoyer à : Paul Berthoin, montée Chalemont, Grenoble (Isère).

Parutions :

  • nº 1 ([1953], 15 janv.-15 févr.)
  • nº 2
  • nº 3
  • nº 4
  • nº 5
  • nº 6
  • nº 7 ([1953], 15 juil.-1er sept.) — « Numéro spécial sur Berlin-Est »
  • nº 8
  • nº 9
  • nº 10
  • nº 11
  • nº 12
  • nº 13
  • nº 14
  • nº 15
  • nº 16
  • nº 17
  • nº 18
  • nº 19 ([1954], sept.)
  • nº 20
  • nº 21
  • nº 22
  • nº 23
  • nº 24
  • nº 25
  • nº 26
  • nº 27
  • nº 28
  • nº 29
  • nº 30 (1955, déc.)