Création de la notice : René Bianco

Bi 1854

La Révolte [puis] La Révolte des affamés

organe communiste-anarchiste paraissant le dimanche


Parution : 1886-1886



La Révolte : organe communiste-anarchiste nº 1 (dimanche 30 mai 1886)
La Révolte des affamés : organe communiste-anarchiste nº 3 [et nouveau titre La Révolte] (dimanche 13 juin 1886)


Le titre La Révolte des affamés, semble avoir été le titre désiré dès le début (voir la présentation ci après). Le titre court, La Révolte : organe… ne parait que sur les deux premiers numéros tous deux datés du 30 mai 1886), le 2e reprenant, par erreur, la titraille et la même date que le 1er numéro.

Présentation dans le 1er numéro (dimanche 30 mai 1886) :

À nos amis, à nos ennemis
En créant le journal La Révolte des affamés, nous croyons obéir aux sentiments révolutionnaires de la classe ouvrière de notre région, des malheureux de tous pays qui chaque jour sont les victime du mauvais organisme de la société actuelle, société où les martyrs du travail, sont des parias. Ceci n’implique pas que nous soyons exclusivement le porte-voix des souffre-douleurs de la région du Nord, non ! Partout où il y a exploitation, il y a inévitablement des déshérités qui souffrent, des ouvriers dans le cœur desquels germe l’esprit de révolte contre la tyrannie capitaliste qui les ronge ; eh bien, de quelque centre de l’univers que nous vienne le cri de colère de nos camarades, nous l’accueillerons, et il trouvera place dans notre petite feuille qui est pour ainsi dire une tribune où les travailleurs peuvent monter librement et crier à la foule les maux qui les étranglent, les chaînes qui les lient et l’idéal qui les anime.
Oui ! camarades de tous métiers et de tous pays, nous vous crions : À nous, les esclaves des mines ; à nous, les forçats de l’industrie ; à nous, tous les méprisés de toutes catégories qui peinent péniblement tout leur vie — vie de martyr — pour enfin terminer leur triste existence au coin d’une borne ou dans quelque lieu où l’on parque les exclus du banquet de l’humanité.
Nous savons d’ores et déjà que la tâche que nous entreprenons est dure, que nous aurons bien des déboires, que bien des calomnies, seront langées avec astuce, nous serons peut-être méprisés et salis par ceux que nous croyons nos meilleurs amis ; peu nous importe ces obstacles que nous percevons, nous ne nous faisons point illusion ; notre devoir nous dicte d’indiquer à nos frères du salariat ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être et, donc, sans nous occuper des sarcasmes idiots de ceux qui se déclarent nos ennemis, nous marchons vers notre but, qui est l’affranchissement de l’être humain par la révolution.
Le titre du journal n’indique pas que nous voulons soulever le peuple en le poussant, malgré lui, à la révolte contre les injustices sans nom, sachant par expérience que les événements économiques, les insurrections populaires ne se font pas de commande ; ils ne sont que la résultante d’une suite de faits que nous entreprenons aujourd’hui de développer à la masse ouvrière à laquelle nous appartenons.
Nous n’avons donc qu’un but : profiter des faits et tâcher, par une propagande active, de faire pénétrer dans les cerveaux dès exploités, de la masse, qu’ils sont à la merci d’une minorité de parasites qui les affament et les insultent, que le meilleur moyen de rendre la vigueur au corps’ social qui souffre et s’anémie, c’est d’anéantir le ver qui le mine à sa racine.
Nous nous répétons : nos amis sont les êtres humains de tous pays qui souffrent et qui sont quotidiennement spoliés de ce qu’ils produisent.
Nos ennemis sont tous ceux qui vivent aux dépens des autres ; les exploiteurs, les financiers et les tripoteurs de toutes portes sont, cela va sans dire, en tant que capitalistes, nos adversaires et pour lesquels nous sommes loin d’avoir de la sympathie.
Si les ogres du capital voulaient y voir, ils s’apercevraient bien que, les faits le démontrent assez, que leur rapacité et leur fainéantise doit fatalement amener un conflit dans, lequel ils doivent s’engloutir ; si tous les goinfres de haute volée daignaient baisser les yeux vers le sol qu’ils foulent d’une façon arrogante, ils verraient là, croupie dans la boue, la plus grande partie des hommes. S’ils voulaient, s’ils pouvaient sonder la plaie qui nous dévore ils comprendraient que la situation est fausse et que leurs fortunes plus ou moins colossales ne sont que les produits des travailleurs et que, par conséquent, ils vivent et festoyent au détriment de ces derniers qui sont leurs propres victimes.
Le conflit économique n’est pas notre œuvre, il n’est ni français, ni belge, ni russe, ni allemand, ni anglais, il est international, il est universel. Le même mal existe partout, il n’a pas de patrie, nous n’en avons point non plus, les symptômes de la révolution se révèlent partout ; c’est un malaise général qui réclame pour obtenir guérison une même médication.
Alexandre de Russie, le pondeur, voit chaque jour s’étendre la puissance des révoltés ; le long Léopold vient d’apprendre brutalement ce que peuvent les malheureux à bout de patience ; Bismarck et Guillaume sont débordés par le socialisme et les autres nations sont aussi révoltées, aussi opprimées et tout aussi menaçantes pour les classes bourgeoises qui les grugent.
Le moment approche où, d’un formidable coup d’épaule, le peuple bouleversera toutes les boutiques mystérieuses construites d’iniquités ignobles. Alors là, là seulement, la bourgeoisie en pourriture fera place à un ordre social meilleur, l’égoïsme disparu les, hommes seront bons et justes.
Nous, communistes-anarchistes qui n’avons que l’ambition d’êtres libres, d’avoir notre nécessaire et que tous les hommes de quelque couleur, de quelque nation qu’ils fussent soient également dans le même cas, nous n’avons pour guide que la vérité et la vérité ne se commande pas non plus.
Nous n’aspirons à aucune place, à aucune candidature, moyen que nous trouvons par trop illusoire pour arriver à notre but. Nous réprouvons les moyens pacifiques et sommes par conséquent les fervents adeptes de la révolution violente, car nous reconnaissons qu’il n’y a que la violence spontanée des peuples qui remettera barque sociale à flot.
Nous terminerons cette déclaration en priant tous nos amis de bien vouloir comprendre que leur appui nous est nécessaire et nous affirmons que lorsque l’ouvrier veut il peut.
Allons camarades, serrons nos rangs, préparons-nous à recevoir le choc.
Courage et vive la, Révolution. Gérant : V. Régnault.

Le journal accueille des rubriques de groupe comme « La Lanterne armentièroise » (paraissant précédemment dans La Guerre sociale, Bruxelles, 1885-1886) du groupe communiste-anarchiste Les Indomptables d’Armentières ou « Le Fouet roubaisien » du groupe les Compagnons de Cyvoct (Roubaix).

 Sur Canto : chansons et poésies parues dans ce périodique
Lien :   https://canto.ficedl.info/?article461

Parutions de La Révolte :